Impression 15 mètres/minute
L’ombre d’abord. Celle qui entoure, qui oppresse, mais rassure aussi. Une perception ténue, immédiate ; celle d’un corps, de son corps. L’absence d’extérieur, un repli sur soi, en soi. Un bruit ensuite, périodique comme le battement d’un coeur ; une respiration. Elle emplit l’espace, happe toute autre perception. Un chuintement, inspiration. Silence. Un vacarme, expiration. Silence.
L’ombre s’estompe, une couleur naît : le vert. Un vert sombre, profond et mouvant. Il berce ses dégradés dans un lent mouvement, sans fin. Un souffle, une lévitation. L’ombre se tapit dans les profondeurs. Des chapelets de bulles se pressent et disparaissent en scintillant dans un voile évanescent. La main passe devant les yeux, traverse le tulle immatériel, et lentement retombe, étrangère.
Une inspiration, apesanteur. Le brouillard se larde de traits lumineux, encore diffus. Au plafond, un miroir. Il reflète comme une flaque de mercure l’image d’un pays qui n’existe pas ici. Un souffle, une élévation. Flottement. Le dernier silence, la dernière seconde… Le temps suspend son cours… et le reprend. Et le plafond explose, gifle la réalité d’une insupportable précision. Les bruits se mêlent et frappent avec fracas, le corps pèse, les yeux voient à s’en faire mal. Les regards se croisent. Un sourire. Palanquée retrouvée. Nous redescendons…