Premières plongées en étanche sur les épaves de Saint-Malo
Après plusieurs plongées dont on m’a ressorti gelé comme un glaçon, je me suis résolu à acheter une combinaison étanche en cours de formation N2. Allais-je passer du bagne au plaisir pur ? Allais-je rester collé à la surface les pieds en l’air ? La plongée en étanche est-elle réservée aux chinois du FBI ? Vous trouverez ces réponses en suivant le récit de mes plongées sur les épaves de Saint-Malo !
Nous voilà partis Philippe et moi en plein mois de mars en direction de Saint-Malo, le coffre rempli de matériel et… de vêtements de rechange. J’espère alors très fort que nos combinaisons étanches rempliront leur rôle à défaut de se remplir d’eau car un petit coup d’œil sur Previmer nous annonce 7 à 8°C dans l’eau et à peine plus en extérieur ! Durant le voyage, je me poserais plusieurs fois la question de mon rapport au sado-masochisme ; mais ça c’était avant !
Intermède matos
Parce qu’il en faut un, autant qu’il soit rapide et concis. Vous pouvez passer à la partie suivante si ça ne vous intéresse pas.
Après plusieurs mois de recherches, j’ai choisi de me faire fabriquer une combinaison sur mesure. Il s’agit de la Seaskin Nova (trilaminée) avec les options suivantes :
- protection de fermeture étanche (option indispensable) ;
- purge pipi Sitech avec le système de raccord et le bouchon de condamnation en cas de non utilisation ;
- système de collerette silicone avec l’anneau rigide + collerette de rechange (aucun inconfort à l’usage et pourtant je suis un petit gabarit, se change en 2 minutes) ;
- protection thermique de cou sans velcro ;
- système de manchons silicone ovale + manchons de rechange (se change en 2 minutes) ;
- système de gants étanches Antares (un clips et plouf !) ;
- gants étanches Showa avec doublure (prendre une taille au-dessus et enlever la doublure en la décollant permet de faire sécher l’ensemble plus vite sinon c’est la plaie) ;
- patch néoprène de protection d’inflateur ;
- chaussons néoprène pour permettre l’usage de rockboots (mais ralentit le séchage) ;
- protections de genoux en kevlar (ralentit le séchage aussi) ;
- protection de fessier et de cuisses (important pour éviter l’abrasion sur les bancs des bateaux ou sur le plancher des zodiacs) ;
- badge personnalisé (c’est la touche fun, inutile donc indispensable) ;
- pas de bande réfléchissante sur la combinaison ;
- poches standards (je les trouve bien assez grandes comme ça). Sur le bateau, cagoule pliée dans la poche gauche, masque et parachute à droite.
J’ai aussi choisi le sous-vêtement en thinsulate 250 sur mesure. Parole de grand frileux : à 7°C, ça passe sans sensation de fraicheur !
Autour de la combinaison :
- j’ai choisi des rockboots Scubapro , réputés pour la qualité de leur semelle ;
- La collerette en silicone nécessite l’utilisation d’une cagoule à plastron. Après plusieurs essais, la seule qui me va est la cagoule XCEL Ultrastretch Bamboo. Mon amie et moi avons coupé les parties avant et arrière en suivant le contour de l’arceau rigide de manière à obtenir une cagoule sur mesure. Perfect !
- Les palmes : des Avanti Quattro + en taille XL. Trois tailles sont disponibles : S, R et XL. Je pensais au départ que ces palmes n’étaient pas faites pour moi, mais c’est parce que j’étais serré dans la taille R. En résumé : pointure 42, rockboots en M, palmes en XL.
- Les gants étanches : il faut enlever les sous gants jaunes, parfois bien collés, et faire un ourlet pour éviter qu’ils s’effilochent. Il ne faut pas avoir peur de les couper court car le moindre bout qui mord les joints toriques occasionnera une mort lente et douloureuse. Idéalement, quand on enfile un gant, le sous gant doit affleurer la bague rigide. De cette manière, pas de froid ni de risque de fuite.
- Je range mon petit bazar dans un petit sac isotherme Décathlon. Pour une somme modique, le rembourrage de ce sac à compartiment amovible assure une certaine protection et peut contenir gants étanches, appareil photo dans le caisson, plombs de chevilles, ordinateur, compas, collerette et manchons de rechanges, lunettes, etc. Après la plongée, on peut aussi y conserver son pique-nique 😉
La photo du site web de Seaskin fait vraiment peur, mais en vrai, ça ressemble plutôt à ça et c’est du costaud (la combi, pas le sandwich) :
Pour faire mon choix, je me suis essentiellement basé sur :
- cet excellent document PDF ;
- le manuel d’utilisation et d’entretien de DUI (j’aime croiser les sources) ;
- ce message qui résume très bien les différences entre toile et néoprène;
- cette discussion spécifique à propos de la Seaskin ;
- la lecture de ce forum ;
- la lecture du site de Sitech ;
- la lecture attentive de toutes les ressources du site de Seaskin ;
- Youtube, Dailymotion et Vimeo pour voir comment on évolue en étanche (contraintes et atouts) ;
- des recherches plus larges sur le web à propos de l’équipement utilisé en plongée souterraine entre autres et des habitudes de chacun.
Le fameux rendez-vous de la jambe en l’air des 7 mètres
Samedi matin, le soleil se lève et avec lui une journée pleine de promesses. Je n’ai qu’une hâte, me mettre à l’eau. Je ne prends pas de grand risque car la première plongée se déroule en fosse par une température de 29°C. Rendez-vous à 9h45 au centre Saint-Malo Plongée Emeraude. Jonathan, notre moniteur, nous briefe sur les subtilités de la plongée avec de telles combinaisons, mais surtout sur l’entretien, primordial. Pour le reste, nous nous retrouvons sur le bord de la fosse, derrière la baie vitrée donnant une vue imprenable sur le port d’où nous partirons l’après-midi.
Le temps est resplendissant. Derrière les vitres, la température monte au bord du bassin et je suis content de n’avoir enfilé qu’un collant de running. En effet, il est indispensable de plonger avec des vêtements longs, même fins, sous une toile à cause de la douleur que provoqueraient les plis de la combinaison sur la peau sous l’effet de la pression.
Pour commencer, je tente péniblement de mettre une ceinture de plombs de… 8kg ! Ah oui, plonger en étanche, c’est aussi se charger comme un âne (du moins au début). Je vide ma combinaison au maximum, je m’assois sur le boudin gonflable, une bascule arrière et je me retrouve à la surface… comme d’habitude. Comme d’habitude certes, mais j’expérimente tout de même une nouvelle sensation, pas vraiment agréable, celle de la pression sur le bas du corps. En effet, l’air contenu dans la combinaison migre vers le buste et je sens très nettement la toile écraser mes jambes, mes hanches, mes… bon bref, ça appuie et je mesure l’utilité du sous-vêtement long.
Premier exercice, descendre doucement à 3 mètres, stabilisation, puis 5 mètres, stabilisation, puis en bas de la fosse, stabilisation au-dessus du fond vers les 7 mètres. Purge entièrement fermée, je descends. Dès que la pression de fait un peu trop sentir, un petit coup sur le bouton d’inflation envoie un peu d’air en émettant un petit pshiiit libérateur. Au fond, je règle la sensibilité de la purge de manière à laisser sortir de l’air dès que je remonte un peu. Facile à dire, mais la purge se trouvant dans une sorte d’angle mort, je mets un peu de temps à régler tout ça.
Nous reproduisons régulièrement ces exercices pour nous faire ressentir les sensations à la descente, à la remontée, au fond, etc. Puis viennent les exercices tournant autour du concept « Comment éviter de rencontrer Murphy et son pote Darwin ?« , autrement dit, comment éviter de mourir dans d’atroces souffrances (maman, c’est une blague, ne lis pas la suite. En vrai je fais ça).
Pour commencer, le retournement : Jonathan me fait faire le poirier au fond de la fosse en me tenant fermement et… il appuie comme un sourd sur le bouton d’arrivée d’air de la combi. Une fois suffisamment gonflé à son goût, l’oeil brillant, il me lâche d’un coup ! Et me voilà en train de pédaler pour me rattraper, me retourner et vider la combi pour ne pas me faire satelliser en surface. J’y arrive sans remonter de plus d’un ou deux mètres, mais j’ai fait du vélo pour la journée et j’ai bien senti passer les blocs de plomb dans le creux des reins…
Jonathan, qui semble décidé à torturer les arrivées d’air de ses élèves, nous refait l’exercice sur le thème : « Mais que se passe-t-il si ton inflateur d’étanche se met en débit continu ? ». Ben ça gonfle, quelle question ! En fait, la bonne réponse est : débranche ton foutu flexible et vide ta combi. Pas bête. Je remarque tout de même qu’il est bien plus simple de retirer le tuyau que de le remettre en place une fois l’incident terminé. En effet, l’inflateur se trouvant sur la poitrine, celui-ci devient invisible avec le masque.
A l’issu de cette plongée d’exercices deux réflexions se livrent à moi :
- les sensations ressenties par rapport à la combinaison humide ou semi-étanche sont très différentes et je comprends que certains n’apprécient pas du tout. Entre le poids du lest et la pression ressentie sur le corps, je suis moi-même assez surpris. Heureusement, cette impression s’estompera rapidement et ça deviendra un pur bonheur.
- ce type de plongée se fait à la sensation et ça me va très bien, moi qui suis assez contemplatif…
La chaudière du M4600, ma meilleure amie
Une formation Nitrox, un casse-croute et une ballade sur les remparts de Saint-Malo plus tard, nous voici sur le bateau en direction de l’épave du M4600, un patrouilleur allemand qui fut coulé en 1944 par une mine magnétique. Ce jour-là, l’épave se trouve à 26 mètres. Après le brief, je me mets à l’eau avec non pas 8, non pas 9, mais avec 10 kilos de plombs ! Huit sur les hanches (ouch !) et un dans chaque poche de stab. Tu m’étonnes après ça que je trouvais mon matériel lourd ! Et ça n’allait pas s’arrêter là…
Nous rejoignons le mouillage et entamons la descente. Température extérieur : 9°C. Température de l’eau : 8°C. Premier constat : AUCUNE sensation de froid ou même de fraicheur d’un bout à l’autre de la plongée. Le bonheur. Dès que je me sens un peu trop coincé, un petit pshiit, que je répète régulièrement. Je descends, pshiiit, je descends, pshiiit, je descends…. euh… Houston, on a un problème… mon ordi indique 17 mètres, vous descendez toujours, mais moi plus… Je vide mes poumons, je vérifie que ma stab est vide, je laisse sortir un peu d’air de la combi, mais pas trop non plus pour ne pas changer de sexe prématurément, je poursuis ma descente de plus en plus difficilement ; j’ai l’impression que je vais relever l’ancre à moi tout seul. Et toujours pas d’épave en vue.
Nous lâchons finalement le mouillage à 21 mètres. L’impression d’un saut dans l’espace… Mes coéquipiers planent sous moi. Quelques instants plus tard, je commence une remontée inexorable. Le très peu d’air contenu dans la stab prend du volume à mesure que je remonte, ainsi que celui contenu dans la combi. J’arrive finalement à vider mes 3 volumes : stab, combi et poumons et à me stabiliser vers 10 mètres. Je pensais être remonté très rapidement, mais le journal de mon ordi indique une vitesse de remontée comprise entre 12 et 15m/min. Ce qui est honorable selon les MN90 (15m/min max), mais que mon ordinateur (12m/min max) a très peu apprécié. Je finirais la plongée bloqué en mode profondimètre…
Nous repartons pour un tour. Je parviendrais cette fois à descendre sur l’épave, à 26 mètres. Mais je vais me battre contre Archimède durant toute la plongée. Aussi vieux soit-il, je peux vous dire qu’il est costaud le grand-père ! Et malicieux avec ça, car bien que plongeant au Nitrox, j’ai explosé ma consommation (190 bars au lieu des 100 habituels). Et le poids d’air manquant donne des force au vieux grec tant et si bien que la palanquée va me retrouver agrippé à la chaudière comme une huitre à son rocher. Et là je dis merci à la résistance à l’abrasion des gants Showa !
Sur le bateau, le constat s’impose de lui-même pour Philippe et moi : la combinaison étanche, c’est GÉNIAL ! Vous pensiez peut-être que je m’attarderais sur mes soucis de lestage ? Non, c’est une broutille. Ce qui importe, ce n’est pas le problème ponctuel qui se résout rapidement avec du plomb en plus, mais surtout avec l’expérience qui permettra de le retirer par la suite. Ce qui importe, c’est le bénéfice permanent de ne pas avoir froid. C’est la sensation de pouvoir rester des heures dans l’eau à contempler le paysage, à observer la vie, à se laisser prendre par l’ambiance et la magie du moment. Tout ça sans s’occuper d’autre chose que de remonter avec de l’air.
L’eau était à 8°C, la température la plus froide que j’ai rencontrée jusqu’à ce samedi après-midi, mais je n’ai jamais ressenti un tel confort. En patois dans le texte : I SE BENAISE !
Autre avantage, aucune sensation de fatigue ni de froid sur le bateau. Philippe et moi ressentons la même disposition à nous remettre à l’eau immédiatement. Contrairement aux précédentes sorties, nous allons même veiller jusqu’à une heure du matin.
Le Fetlar, plongée avec un fantôme
Le lendemain, nous voici au centre à 10h15 sous un magnifique ciel bleu. Direction l’épave du Fetlar, un navire marchand qui a fait naufrage en 1919 après s’être ouvert sur un rocher, heureusement sans faire de victime.
Le thermomètre affiche 9°C dans l’air et 7°C dans l’eau. Même pas peur… Et Archimède n’a qu’à bien se tenir, j’ai prévu du lourd : 12kg de plomb ! Je commence à les sentir passer. La fatigue musculaire se fait clairement ressentir. J’ai du mal à soulever ma stab qui recèle 4kg de plomb.
Heureusement, une fois dans l’eau, Archimède est mon allié et m’aide à porter tout ce barda. Mais j’ai tout de même du mal à avancer. Une fois sur le fond, il faut parcourir quelques mètres et soudain l’épave du Fetlar se révèle au-dessus de nous dans toute sa majesté. Ses lignes se dessinent de manière fantomatique à contre-jour et se perdent dans la brume verte de la mer. Jonathan nous a prévenu, il est question de pénétrer dans l’épave alors il est impératif d’être carré niveau stabilisation. Ça tombe bien, je remarque que j’ai plus de facilité à me stabiliser en étanche qu’en humide.
Nous longeons les flancs du navire, puis pénétrons dans une première cale. Tout en longueur, la pièce est éclairée par la lumière diffuse qui pénètre par les hublots. On distingue par les fenêtres l’éternel horizon vert de l’épave. Je baisse ma lampe pour admirer l’instant. J’ai l’impression d’être au cinéma. Arrivé en bout de cale, il faut manœuvrer pour contourner un équipement. Je tourne doucement sur moi-même et retourne dans l’ombre du navire.
Nous passons dans une cale pleine de tubulures. Oxydées et recouvertes de concrétions, les tuyaux forment de jeux d’ombre et de lumière. Je traverse doucement un banc de poissons, probablement des tacauds. Indolents ou transis par le froid, ils mettent un certain temps à s’écarter de mon chemin. Pas grave, on a le temps, on est bien…
Nous ressortons enfin des entrailles de l’épave. Après une visite à l’hélice et au gouvernail monumental, il est temps de rentrer et de laisser le Fetlar à sa course solitaire. Nous avons peu de temps devant nous avant la seconde plongée. Je reste en combinaison, avale un sandwich, change de bouteille et prends place à bord du zodiac pour 45 minutes de voyage à destination de l’épave du Laplace, une frégate météo dont le commandant commit la terrible erreur de mouiller au milieu d’un champ de mines par une nuit de septembre en 1950, en contre-bas du château de Fort-la-Latte.
Le Laplace, à la dérive
Arrivé sur place, le temps a changé. Les nuages ont rempli le ciel et la mer s’est formée. Le zodiac danse et le mal de mer me fait faire de la peinture sur les boudins. Entre deux hoquets, je parviens à m’équiper avec la crainte de passer par-dessus bord équipé de ma ceinture de plombs. Déjà, je sens que la manutention du matériel alourdi par les plombs depuis la veille m’a affaibli. Mais ces considérations s’évanouissent d’un coup dès que je touche l’eau. Cette fois, je plonge en autonomie avec Philippe ; plus de moniteur avec nous. Pas d’appréhension car déjà, sur le Fetlar, je me sentais bien. Nous descendons le long du mouillage. Je descends, j’équilibre les oreilles, j’injecte de l’air dans la combi, je regarde où se trouve Philippe.
Je répète cette routine inlassablement jusqu’au moment où je sens une fraicheur inhabituelle dans la main droite. Nous sommes à 10 mètres de profondeur à peine et une fuite vient de se déclencher dans mon gant droit. Je soupçonne immédiatement la doublure d’avoir très légèrement mordu sur un joint torique. Et comble de malchance, j’ai décidé d’expérimenter précisément sur cette plongée l’astuce qui consiste à équilibrer les gants avec la combinaison en laissant passer la sangle de la sous-combinaison dans le manchon. Résultat, l’eau n’est pas bloquée dans le gant, mais se répand dans le bras droit. Une eau à 8°C avec laquelle je vais devoir composer pendant le reste de la plongée…
Je profite néanmoins de la plongée et j’ai le temps d’admirer les surprises que nous réserve cette belle épave. En particulier le petit courant perfide qui me pousse régulièrement sur des morceaux de métal déchiré…
La plongée touche à sa fin, le mouillage se profile devant nous. Avant de remonter, nous avons la bonne idée de faire une photo souvenir. Nous nous retournons, nous reculons, nous vrillons un peu et… nous perdons le mouillage de vue. Impossible de le retrouver. Nous devons nous résoudre à remonter en pleine eau. Arrivés en surface, nous apercevons le zodiac à une bonne centaine de mètres de nous. Les vagues nous ballottent trop et nous renonçons à revenir en capelé. D’autant qu’il me reste 40 bars dans le bloc qui seront rapidement consommés si nous faisons des efforts maintenant. Et comme les vagues me submergent parfois, je préfère garder le détendeur en bouche. Pour conserver un maximum d’air, je place mon embout de travers de manière à faire une prise d’air extérieure, sans utiliser l’air de la bouteille et en me garantissant des vagues. Cela fonctionne plutôt bien.
Nous attendons depuis un moment maintenant à côté de notre parachute, mais le zodiac ne vient pas. Je vois de loin que le personnel s’active. Ils n’arrivent pas à remonter l’ancre. En station debout, l’air est confiné dans le haut du corps et je commence à avoir très froid aux pieds et encore plus à la main droite inondée. C’est là que je remarque qu’un gant étanche n’est vraiment pas fait pour être humide…
Le zodiac arrive finalement jusqu’à nous. Je remonte épuisé et le mal de mer me reprend aussi rapidement que le froid sec qui me saisissait aux pied s’évanouit. Je m’effondre en vrac sur le plancher du zodiac et je reste là, affalé, coincé dans mon matériel, à deux pas des autres plongeurs qui ont eu le temps de se déséquiper mais qui ne bougeront jamais le petit doigt (pour rester poli) pour m’aider à sortir de mon armure lourde. A leur crédit, je conçois qu’il ne soit pas évident pour tout le monde de rapprocher son index de son pouce autour de la pièce plastique commandant l’ouverture du système. En fait si, c’est évident ; c’est juste égoïste de ne pas le faire. Mais je m’égare.
A peine déséquipé, Philippe vient à mon secours. Juste à temps pour que je me jette sur le boudin du zodiac et reprenne mon travail de peinture là où je l’avais laissé. Nous effectuons le trajet du retour au sec et au chaud, nos combinaisons sous perfusion dès qu’une fraicheur se fait sentir. Nous ressemblons à des drogués qui se shootent le torse avec une pipe à opium ! Mais c’est tellement bon ! A noter que je n’ai pas senti de différence entre un shoot à l’air et un shoot au Nitrox 32. Je poursuis mes investigations…
Avec la vitesse, les embruns et les 9°C qui règnent à l’extérieur, je conserve masque, cagoule et gants étanches. Je ne retirerais tout ça qu’une fois arrivé au port. La bonne nouvelle, c’est que ma sous-combinaison a joué son rôle en absorbant l’eau de la fuite. Si ma main était trempée, mon bras n’était qu’humide. Et le froid ressenti tout à fait supportable. Une donnée que je juge très correcte compte tenu de ma résistance au froid très précaire.
Les gants étanches, compensés ou pas ?
J’ai testé les deux techniques. La première communément appelée « Je m’emmerde pas » consiste à enfiler ses gants, faire un bras d’honneur à la pression et se jeter à l’eau. Ça fonctionne. Comme les manchons empêche le passage de l’air dans les gants, la pression s’exerce sur eux et vos mains ressemblent à un sandwich lyophilisé qu’on trouve dans tous les magasins de malbouffe. Ça appuie, mais l’impression de gène s’estompe rapidement pour peu que vous portiez quelque-chose dessous. Ils épousent alors la forme des doigts et la préhension est tout à fait correcte.
Seul soucis, à la remontée, de l’air peut s’échapper par les manchons et, comme son retour est impossible, vous sortez avec des GROS doigts… C’est rigolo, mais la préhension en prend un sacré coup.
La seconde implique de passer dans les manchons n’importe quoi qui permet le passage de l’air entre les gants et la combi (un petit tuyau, la sangle de pouce de la sous-combi, etc.) afin de les mettre en équipression (j’aime bien ce terme, ça fait savant). Avec ça, le confort est total d’un bout à l’autre de la plongée, mais gare s’il y a une fuite, l’eau empruntera le chemin pour remonter dans le bras. Le mieux est donc de ne pas avoir de fuite…
En conclusion
Je ressors de ce week-end avec le constat que la plongée en étanche implique une manière particulière d’évoluer sous l’eau et de changer certaines habitudes prises en humide. Par exemple, en étanche il sera difficile pour moi d’observer la nature la tête en bas en faisant le poirier. Ne me demandez pas pourquoi, mais j’adore faire ça. Ok, et bien je ne le ferai qu’en humide, bien que je pense y arriver avec de l’expérience.
Sur la question du lest, 12kg de plomb, c’est absolument énorme, surtout pour mon petit gabarit. Je pense pouvoir retirer pas loin de la moitié de ce lest avec de l’entrainement, ce qui rendra la manutention du matériel et les efforts dans l’eau tout à fait supportables.
(Mise à jour : tout n’est pas perdu car, deux fosses plus tard, j’ai déjà retiré 3 kilos de plombs, appris à faire un joli canard bien droit et des remontées assistées mieux qu’en humide.)
Au final, j’adopte ce type de plongée à 100% et je suis absolument ravi de ma combinaison. Et aucune des difficultés rencontrées n’est insurmontable avec de l’expérience et ne contrebalance l’immense avantage d’évoluer au sec, au chaud et sans la fatigue résultante de la lutte du corps contre le froid.
Entre la combinaison, la sous-combinaison, la cagoule à plastron, les palmes adaptées, les rockboots et la formation, la dépense n’est pas anodine, mais le gain est inestimable et je ne le regrette absolument pas. Il est maintenant impensable pour moi de plonger en humide en dessous de 15 ou 16°C. J’en ai trop bavé, même en été à Marseille. C’est dire…
A l’école, je n’ai jamais supporté la piscine. Les profs me sortaient de l’eau tout bleu au bout d’une dizaine de minutes. Au lycée, j’ai même obtenu une exemption médicale de piscine. Que diraient-ils s’ils me voyaient aujourd’hui évoluer dans une eau à 7°C et projeter des voyages en Sibérie aquatique ?
Quant à savoir si ce type de plongée est réservé aux chinois du FBI, je vous laisse seul juge 😉
Bonjour,
Je suis sur le point de commander une nova de chez seaskin la même que la votre avec les options et j’ai un doute sur la protection du cou, effectivement sur votre photo je remarque une protection de la collerette assez grande qui couvre une bonne partie du cou mais je ne retrouve pas sur le site de seaskin j’ai donc un doute sur le modèle.
Le modèle présenté sur le site ne semble pas être à l’échelle par rapport au votre!
Mais peut être cela: Dry Suit Option – Warm Neck Simple.
à l’adresse :
http://www.seaskin.co.uk/acatalog/Neoprene-Drysuit-Options—Seals–Neck-and-Wrist-Systems-1.html
Et enfin auriez vous d’autres astuces ou options supplémentaire avec le recule et l’expérience depuis…
Merci d’avance pour votre réponse.
Cordialement
xavier
Bonjour Xavier,
il s’agit en effet de la Warm Neck Simple. Elle est suffisamment extensible pour ne pas se faire sentir à l’enfilage. Ajoutée à une cagoule (style Xcel Bamboo) dont le plastron est coupé en rond (c’est la forme de l’anneau rigide), cela créé une sur-épaisseur de néoprène suffisante pour parfaitement isoler du froid (à mon goût). Je n’ai jamais eu froid au niveau du cou.
Avec le retour, je doute de l’utilité réelle des protections en kevlar. A moins de faire de l’enseignement, de la spéléo ou de la pénétration d’épave régulière, cette protection n’ajoute que du temps de séchage. Mais si vous optez pour les chaussons en néoprène, le temps de séchage sera le même, alors…
Pour le reste, les protections additionnelles sont bien pensées et la toile est solide.
Pour les gants doublés, il faut bien recouper les sous-gants à ras des gants, voire un peu plus court, et refaire une petite doublure. C’est important car la moindre fibre qui se coince dans un joint occasionnera une fuite dans le gant ; et si le sous-gant commence à se prendre dans le système de fermeture avant la mise à l’eau, il faudra l’aide d’une tierce personne, ce qui peut être très gênant si la mise à l’eau doit se faire rapidement.
Je n’utilise pas les tubes d’équipression jusqu’à 30 mètres. le froid ne se fait pas sentir sur une plongée de moins d’une heure et le placage des gants est tout à fait supportable. Mieux, il redonne de la préhension.
Le système Antares est très bien : un clips et à l’eau ! Seul bémol, les pattes sont en plastique, à vous de faire en sorte de protéger les gants pendant les phases de transport. J’utilise un petit sac à dos de pic-nique rembourré de chez Décathlon (visible sur une des photos) pour le transport du matos, dont des manchons et une collerette de rechange, et c’est amplement suffisant.
Côté purge pipi, prenez le bouchon permettant de retirer la purge, cela permet de n’utiliser la purge que lorsque vous en avez besoin. Si la purge est très bien, le système SiTech en plastique est proéminent et je crains toujours de l’abimer lors du portage des bouteilles (elle est bien, cela dit). Pour un peu plus cher, la LightMonkey me semble un choix plus pérenne dans le temps. Mais tout cela peut se régler à postériori. Ne vous prenez pas la tête sur ce point.
Pour le reste, je ne regrette rien 😉
Bonjour,
J’ai fait ma première expérience en plongée sèche en suède l’an passé dans un club local.C’est vrai que c’est confortable dans de l’eau à 10°. En revanche il faut bien maitriser le retablissement en position horizontale quand l’air se concentre dans vos pieds. Au début c’est facile mais parfois la situation peut dégénerer et la panique n’est jamais loin quant vous remonter comme un bouchon la tête en bas. Bien evidement avec la pratique on maitrise le truc.