A voir sur Rue89 : Chroniques de l’héroïne à Athènes
Il suffit parfois d’un rien pour saupoudrer une sombre journée d’hiver d’une pincée de magie. Pour moi, ça a commencé lorsque Jérôme est entré chez moi en fin d’après-midi, un tas de photos sous le bras. Connaissant le garçon et son projet, je savais que je ne serai pas déçu.
C’est un travail très émouvant que j’ai découvert. Des images esthétiques, mais pas au point de tuer la force du sens ; de la sensibilité, mais pas de sensiblerie. Une prouesse toute à l’honneur du photographe qui, ayant passé deux mois en immersion parmi les junkies des bas fonds athéniens, aurait pu se laisser gagner par un excès d’empathie.
Jérôme a aussi tenu un très bon « journal de bord » ; une pièce essentielle dans le travail d’assimilation que doit faire le spectateur. Si les photos se suffisent à elles-mêmes, ce journal pousse les limites du cadre et laisse transparaître un hors champs dans lequel les doutes et les questionnements du photographe servent de guide au spectateur tenté de créer des raccourcis hâtifs entre travail d’immersion et voyeurisme « pipolisatoire ».
Petite précision : en France, seul Rue89 a accepté de publier ce reportage (sous forme de diaporama), les autres rédactions jugeant ce travail trop dur pour les lecteurs.
A titre personnel, cet énième réaction de la part des rédactions conforte mon impression d’une inexorable dégradation de l’information qui sévit dans les médias français, dont la ligne éditoriale est tenue d’une main de fer par l’indéboulonnable et autoritaire « ménagère de moins de 50 ans ».