Arrivé au siège de Nagra France à 10h00 avec les prémices d’un début de crachin sur la capitale, j’ai l’occasion de discuter avec Francis Guerra des capacités de l’enregistreur ainsi que des fonctionnalités futures. J’ai aussi pu voir le Nagra VI. La bestiole force le respect.
J’en profite pour noter que, de la commande chez Yes Audio à la réception chez Nagra-France, je n’ai rencontré que des interlocuteurs très pro et passionnés. Ce point est suffisamment rare pour être soulevé.
Le LB est le successeur de l’Ares-C et de l’Ares-BB+ ; c’est même un concentré des deux : un Ares-C évolué de la taille d’un BB. Les journalistes habitués à travailler avec les Ares ne seront pas dépaysés. Les « gros doigts » devront juste s’habituer un peu au gabarit riquiqui.
Visuellement, je trouve que le Nagra LB est une réussite. Tout petit, tout mignon, il dégage néanmoins une impression de robustesse. Normal, c’est du métal (corps en aluminium de 2mm d’épaisseur et montage des composants « en l’air »). Je fais un tour rapide dans les menus. C’est ergonomique. Et léger ! Un bonheur.
Bien sûr, je n’ai pas encore eu le temps de tester le rendu sonore, mais je ne doute pas de la qualité ; on est chez Nagra. J’ai juste tenté un montage à l’arrache sur la table de montage intégrée en condition difficile (au réveil en prenant mon thé les yeux à moitiés fermés et sans lire la documentation) : bingo ! On se croirait presque sous Netia. Avec toutes les fonctions de communication embarquées (Bluetooth, FTP, Ethernet, USB, etc.), ce modèle va taper fort en actu chaude.
Côté enregistrement, c’est du 16 ou 24 bits, de 44,1 à 192 kHz en PCM (WAV et BWF). Il y a aussi le MP2 et le MP3. On peut choisir d’utiliser la mémoire interne de 2 GB, une carte Compact Flash (avec possibilité de changer de carte en cours d’enregistrement) ou un périphérique USB : clé ou disque dur externe.
Seules manquent pour le moment les possibilités de diffuser en direct, mais c’est prévu. Les protocoles de diffusion modernes devraient permettre de broadcaster depuis à peu près n’importe où sur la planète.
La partie logicielle est encore en pleine évolution. Les mises à jour sont fréquentes, tout comme les versions du manuel utilisateur qui sortira bientôt en Français (la version finale en VF est en cours de réalisation par Yann-Dominique Bégault de Yes Audio). Elles sont disponibles sur le site de Nagra section Pro > Support > Nagra LB.
Note du 31 mars 2010 : Le manuel en Français est maintenant disponible.
Question accessoires, le « colis » est bien fournis : un adaptateur secteur qui peut servir à recharger les accus, avec 4 têtes permettant de se brancher sur toutes sortes de prises ; une clé bluetooth ; une housse dans le plus pur style Nagra avec une sangle matelassée agréable. Cette housse ne possède pas de rangement. Il faudra donc coudre une poche soi-même ou opter pour des housses (chez Audiobag, Petrol Bags ou Porta Brace, mais les prix sont dissuasifs).
Reste à tester la machine en conditions réelles de reportage. J’ai déjà quelques idées d’évolution et des remarques à faire remonter, mais chaque chose en son temps… Cet article évoluera au gré de mes trouvailles et remarques.
En bonus, voici le premier son enregistré avec le LB… en image. Un « Paris – Bordeaux – Le Mans », phrase de test mythique. Je ne pouvais pas faire moins pour inaugurer ce nouveau Nagra.
Premier son pris avec le Nagra LB (Paris-Bordeaux-Le Mans)
Mise à jour du 1° mai :
J’ai emporté le LB au cœur de la manifestation parisienne. Objectif : réaliser des interviews au milieu d’une foule dense, de bousculades et de mégaphones hurlants en arrière plan. Je suis convaincu ! Avec cet appareil compact, léger et solide, il est facile de se faufiler partout et de tenir longtemps sans risquer le tassement de vertèbres. En plein soleil, l’écran est lumineux et très visible.
Avec le LEM, le son est pur en interview et même en ambiances. Le rendu est très riche. Bien sûr, la manifestation n’est pas vraiment le lieu pour juger de la qualité audio d’un enregistreur, c’est pourquoi je n’approfondis pas (d’autant que je ne possède pas de système d’écoute à la hauteur) ; je préfère attendre les tests de Sound Designers et me faire mon idée sur du concert jazz et classique.
Mise à jour du 11 mai :
J’ai passé le week-end à tester l’enregistreur dans la nature (forêt, oiseaux, discussions en ballade, sources sonores imprévisible en direction et en intensité, etc.). Le résultat est plus que convaincant puisque la restitution du son démontre une grande amplitude, un son très riche et pur. Certaines situations m’ont obligé à pousser le gain au maximum. Malgré cela, aucun souffle ne se fait entendre à l’enregistrement, ce qui n’est pas le cas avec les écouteurs. Les prises de son en stéréo avec des micros adaptés devraient révéler bien plus de richesse que ce qu’est capable de donner mon LEM de reportage (utilisé en PCM 16 bits 48 Khz mono).
Cela dit, je n’ai pas utilisé les fonctions de limiteur et le filtre coupe-bas. A part le choix de la profondeur, la configuration de la partie audio est celle par défaut.
Côté pratique, il est très aisé de crapahuter dans les rochers avec ce matériel en plus d’un appareil photo. J’y aurais réfléchi à deux fois avec l’Ares-C, et je me serais fait payer pour tenter le coup avec le Nagra E ! Le LB ne se fait pas sentir à l’épaule. Porté en bandoulière, il ressemble à s’y méprendre à une petite sacoche comme tant de personnes en portent. J’adore cette discrétion.
Mise à jour du 29 mai (un mois d’utilisation jour pour jour) :
Après un mois d’utilisation en reportage, le LB se montre redoutable d’efficacité. Plus léger et compact que l’Ares-C, il se marie à la perfection avec les évolutions du métier, notamment l’évolution plurimédia. Car c’est un fait, le journaliste de demain sera est bon en photo/vidéo/son. Surtout pour le web. Cela ne veut pas dire (surtout pas !) qu’il doit faire des concessions sur la qualité. Ce serait une grave erreur. Surtout que le web permet de ne plus réserver le son au seul domaine de la radio.
Dans ce domaine, Nagra répond parfaitement à ces contraintes : un matériel léger, peu cher (professionnellement parlant s’entend), et répondant aux exigences les plus strictes en matière de qualité de son. Du coup, partir (relativement) léger avec du matériel photo/vidéo/son pour pas trop cher et de très haute qualité est tout à fait possible.
A l’heure où j’écris ces lignes, le Nagra n’est pas encore disponible en magasin, le firmware (logiciel interne) en est à la version 1.014 et des nouveautés apparaissent à chaque nouvelle mise à jour.
Pour le moment, le LB n’est pas capable de diffuser en direct, mais cela va venir. A ce moment, il sera totalement opérationnel pour être utilisable en radio. Ce sera alors un véritable studio portable/station de diffusion capable de faire du reportage, d’enregistrer un solo de piano, un tournage de film ou de capter le chant délicat des oiseaux dans le silence matinal de la campagne. Bref que du bon pour les journalistes.
Mise à jour du 5 mai 2010 (un an plus tard) :
Vous pouvez lire un retour d’expérience plus complet de ma part dans le Nagra News du mois d’avril 2010, que je présente dans un article écrit aujourd’hui même.