Après de longs mois de travail, ce nouveau webdocumentaire est issu d’un pari un peu fou : prouver qu’une belle production ne nécessite pas forcément des moyens techniques et financiers délirants. C’est donc à 3 que nous avons réalisé ce travail.
Adrian Branco a réalisé le reportage en Afghanistan, Kenma Shindo s’est occupé de la musique, et moi, je me suis occupé du graphisme et du développement. Hormis Kenma qui est un pro confirmé dans son domaine, nous étions « débutants » : Adrian se confrontait à l’inconnu du terrain et au défi de devoir tout faire tout seul, quant à moi, il s’agissait de ma toute première réalisation en tant que graphiste et je partais de presque zéro en programmation. Nous avons donc tout fait sur le tas, quand et comme nous le pouvions, soirs et week-ends.
Les sources complètes du projet sont disponibles à la fin de l’article.
(En bon geek, j’ai pensé à mes compatriotes en plaçant ici et là quelques easter eggs ;))
Puisque je suis sur mon site je vais surtout parler de mon travail sur ce projet. Travail qui tranche avec mon coeur de métier de journaliste et photographe (en dehors du fait qu’il est frustrant pour moi de n’avoir pas été sur place 😉 ).
Ces images sont un témoignage de la piscine « Auteuil Molitor » telle que la connurent Aileen Riggin Soule et Johnny Weissmuller lorsqu’ils l’inaugurèrent en 1929.
Situé à Paris entre le stade Jean‑Bouin et le jardin des serres d’Auteuil, l’ouvrage art déco de Lucien Pollet, véritable lieu de vie, a connu le faste des années 30 et la révolution du bikini.
Ses pompes se sont définitivement tues le 31 août 1989. En 2011, le « paquebot » subit un grand chantier de rénovation. Sa deuxième naissance aura lieu en 2014. Entre temps, abandonné, pillé et squatté, l’ouvrage est devenu un haut lieu de l’expression artistique underground.
Ce livre présente un extrait du travail photographique réalisé en son sein au cours de l’année 2011, juste avant les travaux (cliquez sur les coins de page pour feuilleter de le livre).
Au menu, différents retours d’expériences sur le Nagra VI et le Nagra LB… dont le mien. Vous pouvez retrouver mes premières impressions sur le Nagra LB dans mon article d’avril 2009 que je n’ai cessé d’actualiser depuis.
Avant toute chose, voici les chiffres de participation lors de mon passage :
1600 dossiers de candidature ;
640 candidats convoqués aux épreuves écrites ;
200 candidats convoqués aux épreuves orales ;
29 étudiants retenus.
Voici le contenu des épreuves écrites :
Résumé de film (45 minutes) ;
Français (30 minutes partagées entre la dictée et le reste) ;
Actualité et culture générale (30 minutes) ;
Projet d’enquête (30 minutes).
Le concours se déroule selon un rythme soutenu. Esprit de synthèse et rapidité de réflexion et d’exécution sont les bienvenus.
L’épreuve écrite
Résumé de film. Cela semble être une habitude. Chaque année, le concours débute par cette épreuve destinée, me semble-t-il, à détendre l’atmosphère. En 2005, nous avons donc eu droit à un reportage de Streap Tease intitulé « Il sentait bon le sable chaud », réalisé par André François.
Malgré le caractère léger de l’épreuve et les rires qui résonnent dans l’amphi, ne vous laissez pas surprendre. Il est impératif de prendre le plus de notes possible (dans le noir, snif !) afin de remplir les 15 lignes (j’ai dit 15, pas 13 ni 17 !). Comme le nombre de copies à corriger est gigantesque au regard du nombre de correcteurs (ce sont les profs qui corrigent et ils doivent parallèlement s’occuper de la promo de première année ainsi que des mémoires de fin d’étude des deuxième année), ce sont les copies vraiment originales qui sortent du lot. Pour ma part, j’avais tourné la querelle entre les deux protagonistes en dérision, le tout dans un style très parlé tout en faisant attention à rester dans le sujet, à savoir : un résumé style journal télé (préférez quand-même le style Télérama au style Télé Z).
L’épreuve de Français. Elle se compose de plusieurs modules :
La dictée : Moins compliquée que la dictée de Pivot, elle comporte tout de même quelques difficultés (tirets, majuscules, mots pas très courants). Le meilleur moyen de passer à travers les gouttes est de potasser les annales. Comme la structure et le registre linguistique ne changent pas fondamentalement d’une année à l’autre, arriver avec ce bagage est précieux.
Le texte à corriger : cinq fautes à trouver dans un texte connu d’une dizaine de lignes. Classique. Il faut être attentif et rapide.
Des verbes à conjuguer ;
Des mots à définir ;
Des nombres à écrire en toutes lettres ;
Des expressions à corriger. Je salue, que dis-je, j’applaudis l’initiative ! Qu’il est exaspérant de trouver sous la plume d’un journaliste des expressions fausses comme « l’enquête a mis à jour… » ou l’usage intensif des pléonasmes ! Mais on tombe aussi sur des accords pernicieux (COD en anté-position, etc.). A vos Bescherelles !
Le questionnaire d’actualité et de culture générale. Une trentaine de questions à traiter en 30 minutes. Le calcul est vite fait : il faut être rapide et concentré. Ne pas bloquer et passer -bondir !- d’une question à l’autre, quitte à revenir sur les difficultés à la fin. Il ne faut pas compter pouvoir répondre à tout car les questions précises touchent tous les domaines.
Le questionnaire n’est pourtant pas pervers : si vous avez régulièrement suivi l’actualité des derniers mois, vous pourrez répondre à la majorité des questions. Attention à l’orthographe !
Le projet d’enquête. C’est l’épreuve qui plante tout le monde. Ici, on ne demande pas d’écrire l’article, mais de construire le plan de l’article ainsi que les démarches associées.
Typiquement : le titre, l’objectif de l’enquête (vous, journaliste, qu’allez-vous traiter ?), les parties de votre article (titre de l’intertitre puis vos démarches, qui allez-vous interviewer et pourquoi ?), un encadré ? Si oui, indiquez le titre, pourquoi est-il pertinent, que va-t-on traiter dans cet encadré, etc. Là encore il faut être rapide et placer ses connaissances judicieusement. Pas de méprise : on ne vous demande pas de rédiger l’article.
REVISIONS
J’ai débuté les révisions en janvier 2005. De janvier à mai, de 9 heures à 19 heures, je n’ai rien fait d’autre.
J’ai intensément utilisé les annales des concours précédents, le Bescherelle et j’ai noté et appris la conjugaison de tous les nouveaux mots que je rencontrais.
Pour l’actualité, je consignais scrupuleusement les actus au jour le jour le long d’une échelle de temps sur des feuilles bristol, le tout séparé par domaine (actu régionale, nationale, internationale, économique, sportive, artistique, technologique, actu des médias, actu de la région bordelaise (eh oui), etc.).
Parallèlement, dès qu’un sujet semblait prendre de l’importance, je remplissais des fiches exhaustives sur le sujet. Par exemple, en 2005, j’ai approfondi les sujets suivants, de mémoire : référendum sur le traité constitutionnel (par extension le fonctionnement des instances européennes), l’affaire Renault avec l’arrivée de Carlos Ghosn, le conflit isréalo-palestinien (chronologie depuis le début XXe, courants et personnalités politiques, placer les villes principales sur une carte muette, nommer les pays alentours, etc.), le conflit irakien (pareil que pour le conflit israélo-palestinien), le Soudan, etc.
Pour les actus, je suis remonté de manière large jusqu’à juin 2004, et de manière fouillée depuis janvier 2005.
Pour le projet d’enquête, le sujet est aléatoire, mais une chose est importante tout de même : connaître les structures administratives étatiques, régionales, départementales et communales (Ddass, Drac, CG… qui fait quoi et quel secteur dépend de quelle administration). Elles sont vos principales interlocutrices ; vous devrez donc les mentionner dans le projet. Un conseil : prenez votre ville/département/région pour modèles et visitez leurs sites web afin d’assimiler leurs organigramme. Lisez aussi votre quotidien régional en regardant quels interlocuteurs les journalistes font intervenir en fonction du sujet.
Tout cela prend du temps et doit être réactualisé en permanence.
Vous pouvez réviser sans vous ruiner puisque tout ce dont vous avez besoin est en ligne gratuitement. Je n’ai pas dépensé un kopeck en révision.
Ensuite, ne vous arrêtez pas à la lecture du Monde, de Libé et des deux ou trois autres parutions que tout le monde apprend par cœur. Pourquoi ? Parce qu’en lisant la même chose que tout le monde, vous vous formatez avant même d’avoir commencé. Vous avez le droit d’avoir un regard transversal, critique et décalé des choses, et de le défendre. Ça fait de vous quelqu’un d’original, et donc, d’intéressant. A l’oral, c’est pas mal vu d’avoir un peu plus de consistance qu’une éponge remplie de contenus « officiels »… Et comme nous l’a suffisamment répété notre prof d’écriture, un journaliste doit apporter quelque chose de nouveau et d’intéressant (ce à quoi j’ajouterais qu’il doit rendre intéressantes les choses importantes). Si vous faites plus que répéter ce que tout le monde sait déjà, le jury vous en sera reconnaissant, j’en suis sûr.
L’épreuve orale
L’examen oral se déroule face à deux profs. Il est primordial car, si vous faites bonne impression, les profs peuvent tenter de vous rattraper avec une note très forte si vous avez obtenu une note moyenne à l’écrit. Dans la promo, les notes à l’oral tournaient autour de 28-29/30.
L’épreuve dure 30 minutes. On a 15 jours pour s’y préparer. Au menu :
Motivation ;
Point sur les expériences pré-professionnelles ;
Questions d’actualité et de culture générale;
Soutenance d’un sujet libre pendant 5 minutes (attention au timing !).
Nouveauté 2009 : la présentation et la soutenance d’un support visuel choisi librement. Je ne connais pas cette épreuve.
La motivation. Il ne faut pas sous-estimer « l’épreuve de la motivation ». Je suis sûr que vous savez pourquoi vous voulez être journaliste, mais saurez-vous l’expliquer ? C’est ce qui m’est arrivé. J’ai passé une bonne partie de l’entretien à expliquer ce qu’était le journalisme pour moi, ce que j’en attendait, ce que j’attendais de l’enseignement de l’école, etc. Il ne faut surtout pas chercher à plaire au jury. Il faut y aller de manière franche et naturelle. C’est aussi votre caractère que le jury juge. Vous pliez-vous à l’autorité ou défendez-vous vos idées ?
Les expériences pré-professionnelles. Autant vous dire que si vous n’en avez pas, vous n’irez même pas aux épreuves écrites. Etant donné ma profession antérieure (photographe de presse), nous avons essentiellement parlé de ça.
Questions d’actualité et de culture générale. Je ne pourrai pas vous en parler car le jury ne m’a posé aucune question d’actu. Je sais juste que certains collègues se sont vu poser des questions abordant essentiellement l’actu des médias et l’actu de leur région (les profs ont une connaissance de l’actu régionale assez impressionnante). Par exemple, si vous avez travaillé dans une structure appelée « Léo Lagrange », que pouvez-vous raconter sur ce brave homme ? Bref, êtes-vous curieux ?
Le sujet libre. C’est l’essentiel de la préparation. Pendant 5 minutes (ni plus, ni moins ; le jury vous coupe dès que l’aiguille du chrono dépasse, et ça fait pas terrible de faire moins), vous allez parler d’un sujet sans aucune intervention du jury. Ils pourront vous poser des questions sur le sujet ou engager un mini-débat après. Je me souviens avoir choisi un sujet traitant de la situation géopolitique du Vénézuela.
Pour ce faire, j’ai appris par cœur l’histoire du Vénézuela depuis la révolution bolivarienne jusqu’aux plus récents événements (jusqu’à deux jours avant l’oral environ). J’ai aussi appris la géographie complète de l’Amérique du Sud ainsi que les noms des Présidents/Premiers ministres de tous les pays qui la compose. Je me suis aussi informé sur l’actualité politique et sociale de certains pays stratégiques comme la Bolivie, le Brésil ou le Vénézuela. Pareil pour les tensions politiques du Vénézuela et les conséquences de la politique de Chavez sur le positionnement de la région dans la sphère économique mondiale.
Ça a l’air compliqué raconté comme ça, mais ça ne l’est pas. Ensuite, j’ai élaboré un sujet qui, à l’oral, faisait 17 minutes. Une fois raccourci à 5 minutes pile-poil, j’avais de la réserve pour répondre aux questions potentielles. J’ai passé les derniers jours à soutenir mon sujet devant le miroir, jusqu’à m’imprégner du sujet et que ma diction devienne parfaitement naturelle.
Ponctualité, diction naturelle, capacité de relance… De la radio quoi ! Cela dit, vous pouvez parler de n’importe quoi sur le ton qui vous plait. Seules comptent votre capacité à convaincre le jury et l’originalité du sujet.
J’ai ressenti cette épreuve orale comme une discussion, comme si, loin de me juger, le jury s’intéressait réellement à ce que j’avais à dire. J’y allais dans cet état d’esprit ; c’est comme ça que ça s’est passé.
Et puis…
Si j’avais un conseil à vous donner si vous êtes pris : profitez de vos deux années, éclatez-vous, expérimentez à fond, profitez du matos (il y a tout ce qu’il faut) et des profs (il y a tout ce qu’il faut aussi). Comme disait notre ancien directeur, cette école est une auberge espagnole : vous en retirerez un enseignement à hauteur de ce que vous y apporterez.
J’ai passé deux très bonnes années dans cette école avec son plafond à la Harry Potter. J’espère qu’il en sera de même pour vous !
Et en bonus track…
… le jubilatiore petit sujet de nos amis de première année (et première promo Ijba) qui ont suivi les épreuves du concours 2007. « Reportage » réalisé dans le cadre de la session multimédia.
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